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Max Cilla

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Se plonger dans l’univers de Max Cilla et son album La Flûte des Mornes vol.1, c’est entamer un voyage à la fois musical et spirituel.

Grâce aux label et disquaire Bongo Joe & Sofa Records, le trip est de nouveau à la portée de tou(te)s, puisqu’ils ont décidé d’unir leurs forces pour rééditer cet album étiqueté (sans doute un peu rapidement) spiritual jazz, enregistré en 1981, et devenu entretemps aussi culte que rare.

Max Cilla nait en 1944 en Martinique, plus précisément au Lamentin, entre les champs de canne à sucre, la garrigue en friche et les ravines.
À l’âge de 15 ans, il se met en tête de restaurer et (re)mettre au point le processus de fabrication de la toutou’n bambou, sorte de flûte artisanale en bambou, jouée traditionnellement dans les Mornes, ces collines martiniquaises qui surplombent l’île.
Dans les années 70, il la renomme la Flûte des Mornes, crée sa tablature et en fait un instrument rapidement reconnu officiellement par les musiciens du monde entier.
En 1964 à Paris, où il suit une formation en mécanique, il croise Archie Shepp dans la rue, qui remarque sa flûte sous son bras, et qui l’invite à jouer à ses côtés le soir même dans le célèbre club de jazz Au Chat Qui Pêche. Le succès est instantané. C’est le début de la reconnaissance par ses pairs, d’une carrière internationale et de la consécration.
Il participe à l’enregistrement de l’album Angola 74 de Bonga en 1974, enseigne la flûte au grand Eugène Mona (et à Dédé Saint-Prix dans les années 80), joue avec Tito Puente, Machito, puis plus tard le saxophoniste américain David Murray ou tout récemment le joueur guinéen de kora Djely Moussa Condé.
L’univers artistique de Max Cilla est large, puisqu’il a participé à la création de pièces de théâtre et de contes (au Japon et en Angleterre notamment), a écrit pour le cinéma et collabore (encore aujourd’hui) avec des poètes et des slameurs, entre autres.

Avant cette indispensable réédition, on avait pu (re)découvrir le flûtiste en 2015 sur la savoureuse compilation Kouté Jazz du label parisien Heavenly Sweetness, parmi d’autres trésors oubliés du jazz antillais.
L’écoute du présent album fait plonger l’auditeur dans un univers envoûtant, à la fois dansant (avec ces percussions traditionnelles terriblement entraînantes et cette ligne de basse au groove irrésistible), et quasi-mystique, lui procurant des sentiments de joie, de bien-être et d’énergie pure. Réussissant le tour de force d’allier la danse et la contemplation, l’introspection et la communion, le disque est à la fois taillé pour le dancefloor, avec des titres comme La Flûte Des Mornes ou

  Crepuscule Tropical 

, et une écoute plus intime.
Notons qu’on retrouve sur ce disque le pianiste Georges-Edouard Nouel, dont l’album non moins indispensable Chodo de 1975, vient lui aussi d’être réédité il y a quelques semaines.
Pour conclure, citons Max Cilla lui-même, qui explique le but poursuivi par sa musique et qui résume si bien les sentiments qu’elle inspire : « A une époque où nous sommes souvent manipulés à des fins commerciales, j’aimerais que ma musique permette à tous ceux qui l’écoutent de retrouver l’authenticité de l’être, de redécouvrir la richesse qui est en eux ».


Bon-Ton Roulay